dimanche 4 décembre 2011

Le « big bang » de l’hypnose moderne et de la psychothérapie en quelques mots.

Texte disponible sur www.hypno-paris.fr
Avant d’intéresser le corps médical, la psychologie était une branche de la philosophie qui spéculait intellectuellement sur l’âme, sa réalité, sa nature, ses attributs, etc... Les psychiatres, pour leur part, étudiaient le cerveau comme organe et le système nerveux de façon expérimentale : c’était l'approche physiologique. Quelques grands médecins physiologues du XVIIIe et du XIXe siècle, après avoir assisté à des spectacles d’hypnose donnés par des magnétiseurs de foire, ont considéré que les phénomènes mentaux manipulés par ces hommes de spectacles étaient d’un intérêt certain pour l’étude du système nerveux humain et pour la cure psychiatrique. L'autrichien Franz-Anton Mesmer le premier détourna ce type de représentations artistiques dans un but curatif. Les auteurs se disputèrent déjà sur la réalité du magnétisme (le terme d’hypnose n’était pas encore inventé, et on utilisait encore le terme de magnétisme issu de l’explication fluidiste dominante dans les milieux magiques dont on tirait l’hypnose et dans les milieux scientifiques qui l’étudiaient) : est-ce la conviction du sujet qui agit ou bien un fluide réel ? Une commission royale étudia le Mesmerisme et en fit une critique qui est certainement l’origine moderne de la psychologie et une émergence de l’idée de suggestion : la personnalité du magnétiseur, le contexte, les croyances sociales agissent sur l’imagination des sujets pour les inviter à provoquer en eux-mêmes les conditions physiologiques de la transe si fortement attendue par eux et par le médecin. Mesmer et les discussions qu’il a suscitées furent le « big bang » de l’hypnose et de la psychothérapie en général.
Les éminents médecins qui pratiquèrent le « magnétisme animal », puis, « l’hypnotisme » selon la nouvelle appellation inventée par Henin de Cuvillers en 1820 afin de coller mieux à l’idée de sommeil partiel, commencèrent, sous l’influence de cette nouvelle pratique qui leur ouvrait une nouvelle perspective intellectuelle, à considérer la question de l’imagination, de la pensée et du langage dans l’interaction hypnotique et dans la cure mentale : cet « esprit » qui n’intéressait que les philosophes devint un objet d’étude concret à travers les mécanismes de l’hypnotisme. La psychologie passait du domaine de la métaphysique à celui de la médecine pour aboutir à une nouvelle pratique : la psychothérapie (terme inventé par lemédecin spécialiste de l'hypnose Bernheim au XIXème siècle).
Depuis cette époque, seuls les médecins se sont intéressés à l’outil hypnotique d’un point de vue rigoureux et ont cherché sérieusement à le comprendre et à le maîtriser. Ces psychiatres inscrits dans des problématiques centrés sur la maladie mentale, la psychose et la névrose ont cantonné l’hypnose au champ délicat de la psychiatrie tandis qu’à son extrême opposé, les magnétiseurs de foire continuaient d’en donner une vision volontairement mystifiée et dramatisée.
Avant Freud, l’hypnose était la seule pratique psychothérapeutique et partageait avec la physiologie l’intérêt des psychiatres. Freud fut très impressionné par la sensualité latente et parfois vive qu’il percevait entre lui et les patientes dans la relation hypnotique. Découvrant à travers l’hypnose les phénomènes des transfert et de contre-transfert, il préféra créer une distance thérapeutique en pensant autrement la méthodologie de la cure psychologique et inventa la psychanalyse. Bien qu’il donnait la primauté à son invention, il exprima le souhait qu’hypnose et psychanalyse puisse trouver une façon de s’apporter mutuellement leurs qualités thérapeutiques à l’intérieur d’une forme complète de thérapie. Après Freud, l’hypnose intégrera de plus en plus l’idée de prise de conscience curative, l’idée d’introspection et de recherche des origines du symptôme et de sa fonction, et donnera une importance particulière au rapport entre l’hypnotiseur et l’hypnotisé, c’est-à-dire à l’utilisation et à la canalisation du transfert. La psychanalyse, pour sa part, sembla évoluer contre l’hypnose à qui elle devait tant, et ignora ses progrès en grande partie.
Désormais la psychologie offrait aux psychiatres deux alternatives à la physiologie et à la chimie : la psychothérapie (hypnose) et la psychanalyse.
Par la suite, l’intérêt croissant pour la suggestion et l’impopularité nouvelle de l’hypnose en France qui suivit le décès du professeur Charcot, chef de file de l'école de la Salpétrière, poussèrent la psychothérapie à négliger les états de conscience modifiés pour s’intéresser aux pures mécanismes de pensée et de comportement et aux interactions sans transe hypnotique entre le psychothérapeute et le patient dans le traitement psychosomatique.
Le développement hors de la médecine de la psychologie expérimentale, de la psychologie sociale, des neurosciences, du comportementalisme et du cognitivisme firent du vingtième siècle une époque très riche en progrès de toutes sortes, bien que, dans l’opinion publique, la philosophie psychanalytique, pourtant teintée d’un romantisme désuet, resta plus séduisante et s’imposa comme référence de compréhension des relations et de cure psychologique.

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