mercredi 25 janvier 2012

Quelques questions-réponses...


Mlle Meryem Bengoumi, Nour Mestiri et Fatma Frikha du lycée français Pierre-Mendès-France de Tunis (classe de 1ère S3) m’ont posé quelques questions dans le cadre de leur TPE sur le thème de l’hypnose. Avec leur permission, je poste ici les questions qu’elles m’ont posées et les réponses que je leur ai envoyées.

1.    Après avoir fait plusieurs recherches, nous avons trouvé diverses définitions au mot hypnose. Pouvez vous nous donner la votre ?

Nous avons tous un état de conscience ordinaire, actif de notre réveil à notre endormissement (nous avons aussi un état de sommeil). Bien que notre humeur et notre condition varient en fonction des instants et des contextes, notre conscience ordinaire se caractérise par une personnalité stable et reconnaissable et une continuité de mémoire (alors qu’on a que des bribes de ce qui est vécu durant le sommeil).
L'état de transe hypnotique est un état second de la conscience qui se caractérise par une autre continuité de mémoire et parfois une autre personnalité complète, sous la même identité. On parle alors d'une dissociation complète ou transe hypnotique somnambulique. A son réveil, la personne ne se souvient de rien de ce qu'elle a vécu en transe. En transe, son comportement s'avère plus automatique, mécanique et passif, mais la personne peut réagir de façon adaptée à son environnement, parler, marcher, écrire, résoudre un problème, travailler, etc...
Entre l'état ordinaire (état d’éveil) et l'état second (état de transe), il est possible d'induire des états intermédiaires qu'on regroupe sous le nom d'hypnoses.
a)    Une hypnose légère est très proche de l'état ordinaire de conscience mais légèrement dissociée. La personne est comme spectatrice de ce qui se passe en elle et des réactions de son corps et se contente de laisser les choses se faire.
b)    Un état moyen est un mélange d'état premier et d'état second : les deux coexistent comme dans une sorte d'ivresse sage et raisonnable. Le corps, les émotions et les pensées réagissent de façon automatique tandis que la personne se sent toujours ici, capable d'observer ce qui se passe mais sans vraiment pouvoir intervenir, tant que rien de grave ne se produit.
c)    Dans un état profond, la personne « dort » mais la plupart de ses fonctions peuvent être activées, comme un somnambule : c'est l'état somnambulique. Au delà, il s'agira d'une transe hypnotique. Cependant, on utilise souvent le mot de transe comme les anglophones le font, comme synonyme du mot hypnose, quelque soit le niveau de dissociation provoqué.
L'hypnose est un phénomène naturel tout comme le sommeil, le somnambulisme ou n'importe quelle transe. Cependant, l'art de l'hypnose consiste à induire artificiellement chez une personne un certain degré de cette dissociation et de guider la personne à travers cet état pour utiliser certaines capacités cérébrales que cet état autorise, notamment dans un but pédagogique ou thérapeutique ou dans le simple but d'en faire la démonstration pour la science ou pour le divertissement. 

2.    En quoi consiste le métier d’Hypnotiseur ?
Hypnotiseur n'est pas vraiment un métier en soi. Mais on peut en faire un métier en faisant des spectacles d'hypnose, ou en étant hypnothérapeute, ou anesthésiste, psychologue, psychiatre, en faisant de la recherche en psychologie cognitive et comportementale, en neuro-sciences ou en neuro-psychologie à l’aide de l’hypnose, en étant pédagogue spécialisé, préparateur mental, conseiller, etc...
L'hypnotiseur formule des suggestions et présente aux personnes des exercices qui, combinés, les feront entrer dans un état plus ou moins profond d'hypnose. Ils les accompagnent ensuite dans cet état pour leur faire développer certains phénomènes hypnotiques (catalepsie, réponses idéo-motrices, rêves guidés, régressions, hallucinations, paralysies, anesthésies, amnésie, hypermnésie, etc..). Dans le cas d'un usage thérapeutique ou pédagogique, l'idée sera d'utiliser l'état d'hypnose, les suggestions, et les phénomènes hypnotiques pour intégrer à un niveau inconscient des changements, notamment des changements dans les conditionnements de la personne (mais pas seulement) et d’intégrer des apprentissages. 

3.    Quelles sont les études à poursuivre pour devenir hypnotiseur ?

Malheureusement, il n'y a pas de cursus d'étude vraiment satisfaisant pour cela. Et il n'en y a pas qui valide officiellement une compétence à la pratique de l'hypnose non médicale. Le mieux est de suivre certaines formations privées en gardant son esprit critique, de beaucoup lire, notamment les auteurs classiques et sérieux, surtout ceux issus de l'hypnose médicale, éviter les formations trop commerciales et les livres un peu trop vulgarisants, même si on peut y apprendre aussi beaucoup. Réfléchir et innover. Pratiquer beaucoup, et se mettre en contact avec plusieurs professionnels expérimentés acceptant de superviser votre apprentissage. En gros, ce sont tous les ingrédients de l'apprentissage autodidacte. Les formations privées, bien que souvent commerciales et jamais diplômantes sont tout de même une approche souhaitable pour apprendre les tous premiers outils. Mais mieux vaut ne pas s'en contenter, et ne pas prendre tous ce qu'ils disent pour argent comptant. Éviter les formations qui mélangent hypnose et idéologie.

4.     N’importe qui, ayant suivi votre cursus serait-il capable de pratiquer de l’hypnose ? Quels sont les requis nécessaires supplémentaires, qu’il faut posséder ?

Je pense qu'une maîtrise correcte du langage est nécessaire. En effet, il faut savoir s'adapter à tous types de personnes, de celles qui s'expriment le plus correctement à celles qui s'expriment avec beaucoup de simplicité. Et toute la partie suggestion de l'hypnose n'est que de la linguistique appliquée. Il faut accepter l'échec avec joie, être persévérant, pas dans la volonté de pouvoir, ne pas vouloir valoriser son ego et être rigoureux et travailleur. Un intérêt pour les neuro-sciences et la psychologie est appréciable. Pour être hypnothérapeute, la psychopathologie, la psychologie cognitive et autres domaines de la thérapie sont précieux.
Je ne pense pas que le cursus que j'ai suivi suffise à pratiquer l'hypnose. Aucun cursus proposé actuellement ne suffit à le pratiquer sérieusement. Il faut donc beaucoup compléter sa formation par soi-même. Être très exigeant avec soi-même. 

5.    Cette pratique est-elle considérée comme une branche de la médecine (en général, dans le monde) ?
Officiellement non. Historiquement, c'est la médecine qui s'est le plus intéressé à cette pratique et qui l'a fait le plus avancer. Aujourd'hui, c'est une pratique ouverte bien que certains médecins souhaitent la réserver à leur exercice. Dans l'esprit des gens, elle est soit assimilée au divertissement, soit à la médecine, soit aux « médecines alternatives », soit à la psychothérapie, soit au charlatanisme. 

6.    Pourquoi avez-vous décidé d’exercer ce métier ?
C'est une question difficile. Je pense que ce métier correspondait à mes qualités naturelles (enfin acquises bien entendu). J’ai donc appris très rapidement et eu vite de très bons résultats. Les aspects théoriques, historiques, sociologiques, neurologiques, psychologiques, linguistiques et surtout techniques et pratiques de l’hypnose m’ont tous rapidement intéressés et passionnés. Donc,je m’en suis trouvé comblé. 

7.    Quelles sont les limites de votre métier ?
Il y en a beaucoup. En hypnothérapie, ce sont les limites de la psychosomatique notamment. Et puis ne pas empiéter sur la psychiatrie (les psychoses notamment). Il y a évidemment les limites liées à la complexité des cas. Une limite importante réside dans le niveau de compétence de l’hypnotiseur. Une limite trop souvent franchie est celle de l’irrationalité.
Mes propres limites sont celles de ma compétence, de la complexité des individus humains que j'ai devant moi (qui ne sont pas des machines), et de mon éthique (les limites que je m'impose). Je respecte également les limites du consentement individuel, de la correction, de la civilité, les limites de temps (contrainte très importante), les limites de la loi. N'hésitez pas à me reposer la question en précisant de quelles limites vous parlez et dans quels domaines. 

8.    Pourquoi vos patients viennent-ils vous voir ? Qu’attendent-ils de vous ? Donnez nous les exemples les plus fréquents.
Comme je ne suis pas médecin, je ne suis pas légalement autorisé à dire que les personnes qui viennent me voir sont des patients. Les demandes les plus fréquentes portent sur les addictions (tabac en tête, cannabis,...), les comportements alimentaires, les phobies, angoisses, mal-être, dépression, problème de confiance en soi, gestion des émotions,troubles légers de la personnalité, TOC, tics, problèmes relationnels, troubles sexuels, troubles du sommeil, etc... Beaucoup de demandes. Mais pas seulement en thérapie. Il y a  aussi : préparation d'un examen, préparation mentale pour un sportif, relaxation, etc... Ça fait un peu marabout comme ça, mais c’est la réalité de notre métier. Quelque chose d’évident est commun à toutes ces demandes, c’est la possibilité d’agir partiellement ou totalement par la psychosomatique, le conditionnement, le déconditionnement, la psychologie des profondeurs, la dissociation... en bref, l’hypnose
En général, ils attendent de moi un changement concret en peu de séances, et de s'orienter petit-à-petit vers l'avenir en réglant la question du passé. La thérapie est un gain d’autonomie par un certain lacher-prise et souvent un gain de maturité émotionnelle important. 

9.    Comment arrivez vous à gagner la confiance de vos clients ?
Il y a bien des « techniques » comme les techniques d'adaptation, d'écoute active, etc... Mais le mieux c'est encore d’être honnête, sincère, naturel, simple et pas prétentieux. Et généreux. Et alors, la confiance s'établit très vite. Et si jamais ça n'était pas le cas, se dire qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, et ça n'est pas très grave. Après, il faut garder à l’esprit que les gens viennent de leur plein gré. Ils ont déjà en partie assez confiance pour se prêter au jeu. Je ne demande jamais aux gens d’avoir une confiance aveugle. Ça serait inquiétant. C’est pourquoi l’état d’hypnose est souvent vécu comme une façon d’être à la fois présent et attentif et à la fois très profondément plongé dans l’expérience, surtout lors de la première séance. Avec l’habitude et le fait de mieux se connaître, les personnes explorent ensuite un plus grand lacher-prise. 

10.    Est-ce qu’on hypnotise toutes les personnes de la même manière ?
Absolument pas. Chaque personne est différente. Certaines personnes sont très réceptives à la suggestion. On utilisera alors des suggestions adaptées à elles pour les guider dans l'hypnose. D'autres sont moins sensibles à la suggestion, il faudra être plus subtil et plus détaillé dans les suggestions et utiliser également des techniques, des exercices qui induisent l'hypnose. D'autre personnes, rares heureusement, sont très rétives aux suggestions et résistantes aux techniques de base : il faudra alors les entraîner à l'hypnose plus progressivement et patiemment avec des méthodes adaptées. En plus de cela, on adaptera l'induction (= façon d'hypnotiser) aux attentes de la personne, à son désir, à son objectif thérapeutique, à sa personnalité, à son intelligence, etc... Malgré cela, certains trucs peuvent marcher pas trop mal pour beaucoup de gens. Mais en général, les méthodes apprises par cœur, rigides et simplistes ne sont efficaces que sur les personnes très réceptives et qui de toute façon, n'en auraient même pas eu besoin pour entrer en hypnose.

11.    Quels sont les éléments indispensables au bon déroulement d’une séance d’hypnose ?
- la confiance et l’assurance
- la patience
- l'écoute et une attention de chaque instant à la personne, à son discours, à ses réactions, etc... Il s'agit d'une véritable navigation subtile pour ne pas que la personne sorte de l'état ou qu'elle simule ce qu'on attend d'elle.
- le sens de l’observation
- le calme et la confiance en ses compétences
- la créativité
- le temps (ne pas être pressé par le temps)
- la simplicité
- la sincérité

12.    Comment faites vous pour hypnotiser vos clients ? Quelles sont les étapes à suivre ?
Je ne fais presque jamais de la même façon. Il y a donc des centaines de façons de faire et des milliers de combinaisons possibles. Une bonne façon de procéder pourrait se résumer ainsi :
1 : expliquer à la personne ce qu'elle va vivre. En gros, on influence ce que la personne pourra dire si on lui demande comment c'était après la séance. C'est de la suggestion pure, parfois appelé « pre-talk ». ex : « l'hypnose est un état qui … ». On peut le faire par une explication, un récit, une anecdote, une démonstration, etc.. On pose le cadre de référence.
2 : créer le désir et l'attente. Ex : « Vous aimeriez essayer ?vous voulez que je vous explique comment on fait ? » on peut même créer la frustration en retardant un peu l'instant.
3 : proposer une technique. Soit basée sur la suggestion, soit sur une technique mécanique, (des milliers de possibilités à ce stade). En général, on crée une catalepsie partielle (de la main) pour accélérer le développement d'une catalepsie générale du corps qui est caractéristique d'un bon état d'hypnose (bien que pas systématique). Catalepsie = rigidité naturelle et involontaire des muscles qui se produit pour permettre de garder longtemps et sans effort une position inconfortable. Ça contrarie un peu le cliché de la détente en hypnose.
Ensuite, il y a les étapes de la séance elle-même, par exemple pour la thérapie ; les étapes du travail thérapeutique avec le développement de phénomènes hypnotiques spécifiques et l’intégration de suggestions thérapeutiques et d’apprentissages inconscients. Et avant tout cela, on prend le temps de parler avec la personne, de l’écouter, de répondre à ses questions, et de lui expliquer des choses importantes.  

13.    Y a-t-il des risques à pratiquer l’hypnose ? Pouvez vous perdre le contrôle de l’esprit d’une personne ? Que faîtes vous si le cas survient ?
On ne contrôle pas l'esprit de l'autre, on le guide. Une personne peut s'endormir, ou se réveiller et dans les deux cas ne plus suivre le guide. Dans ce cas, on tachera de « rétablir le contact ». L'hypnose profonde n'est pas un état anodin et l'utilisation des phénomènes hypnotiques et de la dissociation n'est pas un jeu sans conséquence. Il est important pour l’hypnotiseur de s'assurer que tout se passe de façon que la personne n'aura que des bénéfices à cette expérience. Mais globalement, l'hypnose étant basée sur une confiance et un accord profond, la personne garde toujours un certain contrôle de l'expérience même très inconsciemment, de sorte qu'il ne peut pas vraiment se passer de choses dommageables. 

14.    Comment faites vous si vous êtes face à une personne insensible à l’hypnose ?
Toute personne disposant d'un cerveau est capable de dissociation. Une personne n'est pas donc pas insensible à l'hypnose en elle-même. Simplement, on peut être plus ou moins réceptif à telle méthode, appliquée par telle personne, dans tel contexte, dans tel but. Certaines personnes ont un blocage profond pas toujours évident à contourner. Certaines personnes ont besoin de plus de temps que d'autres. La confiance est l'élément principal de l'efficacité, ainsi que l'adaptation et la diversité des outils. Si je suis face à une personne que je n'arrive vraiment pas à accompagner dans l'hypnose dans le temps que nous pouvons nous accorder. , ce qui, par chance, est très rare, je l'aiguillerai vers un collègue ou lui conseillerai des exercices réguliers pour accroître sa réceptivité et son lacher-prise.
Par contre, il existe de réelles différences de réceptivité à la suggestion. Dans le cas d'une personne peu réceptive à la suggestion, on évitera d'essayer de lui induire l'hypnose par de simples suggestions ou par l'imagination et on privilégiera une méthode plus mécanique, ou bien on fera en sorte d'accroître sa réceptivité aux suggestions. Dans le cas d'une personne très réceptive à la suggestion, très peu de choses suffiront pour que ce qu'on lui fait imaginer deviennent un véritable vécu, ce qui simplifie largement la tache. 

15.    Avez-vous quelques astuces à nous proposer afin que nous aussi puissions hypnotiser d’autres personnes ?
Repérez les personnes très réceptives à la suggestion. Par exemple, demandez aux gens de mettre un de leur bras droit devant eux et d'imaginer que des millions de ballons d'hélium sont accrochés à leur poignet, et de continuer d'imaginer et de ressentir. Les personnes dont la main commencera à monter involontairement très rapidement ont un excellent lien entre ce qu'elles imaginent et la réponse que leur cerveau donne, qui essaie d'en faire une réalité. A ces personnes là, demandez-leur d'imaginer un immense pendule qui se balance plusieurs mètres derrière eux et de bien le fixer mentalement et de se laisser bercer et endormir par le balancement. Dites leur que plus ils regardent et plus une étrange fatigue va fermer leurs yeux progressivement et que quand les yeux se ferment, il s'endorment profondément en restant bien immobiles. Rappelez leur de bien regarder le pendule se balancer derrière eux. Quand ils ont les yeux fermés, dites leurs de se sentir bien et de se réveiller complètement à 3, puis comptez jusqu'à 3. Un petit truc aussi rudimentaire et « à l'ancienne » fonctionnera très bien sur des personnes réceptives et leur offrira un peu de bien-être sans danger. Ça n'est pas d'une grande subtilité, mais ça a le mérite d’être simple et efficace. 

16.    Plusieurs personnes ne croient pas en l’hypnose. Quelles preuves scientifiques pouvez vous avancer afin de leur prouver le contraire ?
Le mieux est d'en faire l'expérience soi-même. Presque toutes les personnes qui viennent me voir sont sceptiques en arrivant. Et tant mieux. Croire n'est pas une nécessité. L'hypnose n'est pas imaginaire, c'est une capacité cérébrale. Vous n'avez pas besoin de croire que le sommeil existe pour dormir, n'est-ce pas? L'hypnose n'est pas une question de croyance, de même qu'elle n'est pas une affaire d'idéologie ou de religion et encore moins de morale. 

17.    D’après les dernières avancées scientifiques, avons-nous prouvé d’une quelconque manière que l’hypnose est à l’origine de traces dans le cerveau ?
Beaucoup d'expériences sont faites pour identifier l'hypnose dans le cerveau et qui donnent des résultats intéressants. Le problème, c'est que la méthode utilisée pour induire l'hypnose influence énormément ce que sera cet état. Ainsi, il est très difficile d'obtenir des résultats généralisables. De même, la questions des états simulés d'hypnose et des véritables états d'hypnose pose également problème. L'utilisation de médicaments hypnotiques est une solution à ce problème de méthodologie scientifique, mais guère satisfaisante. L’hypnose est une pratique complexe et trop de paramètres subtiles ont une influence sur la nature de la dissociation vécue. Par conséquent, les études fréquentes ont tendance à se contredire car chacune utilisant un protocole d’induction expérimentale de l’hypnose différent et parfois pas assez contrôlés expérimentalement. 

18.    Avez-vous entendu parler des neurones miroirs ? Si oui, concernent-ils l’hypnose ?
Difficile à dire encore à ce stade. Des méthodes pour provoquer l'hypnose peuvent se baser sur les neurones miroirs. Leur découverte vient de plus confirmer beaucoup de choses que les hypnotiseurs pratiquent depuis longtemps pour augmenter le rapport de confiance qu'ils établissent, et également les suggestions non-verbales, gestuelles. Il est possible également que le principe des neurones miroirs soit très proche de ce qui se produit lors d'une action imaginée qui se traduit pas une réponse idéo-motrice, en générale une action imaginée de façon associée (je vis l'action de l'intérieur, et je ne me vois pas faire l'action d'un point de vue extérieur), mais cela reste à étudier pour relier le rôle des neurones miroirs à l'étude des degrés de dissociation. 

19.    Est-ce que les illusions d’optiques peuvent être mises en relation avec l’hypnose ?
Dans un sens oui. Elles montrent que la réalité extérieure n'existe pour nous que par la façon dont nous la percevons et qui est entièrement composée dans notre cerveau. Notre perception du monde n'est qu'une immense hallucination qui cherche à créer des suites logiques, à compléter les trous, à donner une perception simple des choses. Et parfois, cela nous joue des tours. En hypnose, on prend conscience de cette subjectivité pour « jouer » avec, la transformer temporairement. On peut modifier cette illusion du cerveau pour modifier la réalité perçue, et même créer une autre réalité comme dans les rêves. 

20.    Pensez vous que les fictions (romans, films, séries…) sur l’hypnose coïncident-ils avec la réalité scientifique ? Si oui, en quels points ? Que pensez vous des spectacles d’hypnotiseurs ?
L'hypnose n'est pas une science. La science peut s'intéresser à l'hypnose et en donner une explication mais l'hypnose est un phénomène naturel et une pratique humaine. De la même façon, la science explique le feu, mais le feu n'est pas une science, c'est un fait de la nature. Les fictions donnent un éclairage de l'hypnose différent de celui de la science. Et parfois, les fictions perpétuent des clichés éculés et ringards et des contre-vérités comme des prétendus dangers, etc... Mais en réalité, les conférences d'apparence sérieuse, les livres aux titres incompréhensibles, etc, sont parfois tout aussi porteurs d'approximations et de contre-vérités.
Les spectacles d'hypnose sont rares en France. A part quelques animations de comité d'entreprise ou de discothèques, des apparitions télé et autres ou un hypnotiseur hypnotise des groupes de gens pour les désinhiber. On ne peut pas vraiment parler de spectacle au sens moderne à cause du manque de travail artistique autour, mais plutôt de démonstration divertissante, ou d’animation. Il en existe certains qui sont de vrais spectacles innovants utilisant l'hypnose mais trop rares malheureusement. Les désinhibitions collectives souvent de mauvais goût qu'on voit à la télévision ne sont pas vraiment basées sur l'hypnose en réalité mais sur un phénomène de complaisance parfois à la limite de l'hypnose moyenne sur les sujets naturellement réceptifs et de la simulation semi-volontaire sur les autres . Le numéro consistant à placer une personne rigide entre deux chaises est un principe anatomique qui n'a rien à voir avec l'hypnose contrairement à ce qui est prétendu. Il est assez malhonnête de le présenter comme un « pouvoir du cerveau ». De même, beaucoup de numéros sont basés sur la suggestion et non sur l’hypnose. Là aussi, ça n’est pas très honnête de les présenter comme de l’hypnose.
Cependant, certains hypnotiseurs qui utilisent des sujets très réceptifs pour faire la démonstration d'amnésies ciblées, de réactions programmées sur un déclencheur, d'hallucinations, etc., sont habiles et divertissants et permettent de mettre en évidence de façon ludique et amusante les capacités réelles du cerveau humain. Il est souhaitable que cela se développe à mon avis, avec plus d'innovation, de créativité et de diversité. Trop de numéros sont des reprises quasi identiques de numéros datant parfois de plus d’un siècle.
Beaucoup de gens appellent « hypnose classique » l'hypnose faite en spectacle. C'est une erreur, puisque l'hypnose classique consiste en un ensemble de techniques spécifiques très mécaniques, répétitives et longues utilisées surtout au XIXe et au début du XXe siècles par les médecins pour obtenir des états somnambuliques artificiels. L'hypnose de spectacle, elle, si elle est bien faite, est beaucoup plus subtile et indirecte que cela. En effet, pour donner l'impression qu'une simple instruction a permis d'obtenir un résultat impressionnant, et ainsi donner l’illusion d’un « pouvoir de fascination », l'hypnotiseur a à cœur de glisser beaucoup de suggestions cachées dans son discours de présentation, dans son récit, dans son apparence, dans sa mise en scène, etc...

3 commentaires:

  1. Merci encore pour toutes les explications !
    Grâce à votre aide précieuse, on a pu récolter un 20/20 à ces TPE :) .

    Meryem BENGOUMI.

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  2. Oh, Félicitations !

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